Nombre d’écrivains ont été fascinés par l’Allemagne. Jean Giraudoux fut de ceux-là. Il tenta d’ailleurs une agrégation d’allemand. Cela ne l’empêchera pas d’avoir un amour passionné pour la France, lequel l’amènera à participer activement au conflit de 1914. Sa réaction face à la guerre s’exprimera tout d’abord dans un roman, Siegfried et le Limousin, puis dans son adaptation au théâtre sous le titre de Siegfried (1928).
Incarnant un idéal pacifiste le roman Siegfried et le Limousin. obtint en 1922 le prix Balzac et la pièce connut un énorme succès, déterminant le passage de Giraudoux à la scène et sa future coopération avec Louis Jouvet.
Giraudoux propose ici un tableau tout en contraste de l’Allemagne, entre la séduction du romantisme et la menace d’un nationalisme revanchard.
L’histoire de Siegfried et le Limousin commence comme un roman policier. Au début des années 1920, Jean, le narrateur français, apprend par hasard que le célèbre juriste allemand Siegfried von Kleist est en réalité son ami, l'écrivain Jacques Forestier, soldat français blessé au combat et pris pour un allemand du fait de son amnésie.
Jean part donc pour Munich où grâce au baron Zelten, artiste francophile ayant vécu à Paris, il ne tarde pas à reconnaître son ami qui, jouissant d’une position brillante dans la société allemande, est sur le point d’entrer au gouvernement.
Mais Jean retrouve également ses souvenirs d'avant-guerre de germaniste boursier et certaines jeunes femmes qu'il avait alors connues. Il assiste au centenaire de Goethe, traverse une révolution menée par des israélites russes, et découvre les pulsions contradictoires de l'Allemagne nouvelle, prête à la revanche. Après avoir vécu la Passion à Oberammergau, il rentre avec Forestier dans le Limousin de son enfance.
L’aventure de Siegfried est prétexte à exprimer une volonté de réconciliation en traitant un problème psychologique bien particulier, celui de l’amnésie. On a pu voir Siegfried et le Limousin comme une «une sorte de pamphlet composé pour attirer l’attention d’un certain public français sur la nécessité de reprendre contact avec l’Allemagne littéraire». Le côté diabolique des grandes villes allemandes, les exagérations sentimentales, sexuelles, mystiques, hoffmannesques de leurs élites, sont observés avec une lucidité et un sens aigu du romantisme allemand. L’histoire de Forestier est déroutante, mais elle n’est peut-être qu’un prétexte pour l’auteur à placer les observations les plus judicieuses qu’on ait faites sur l’après-guerre français et allemand. Sa clairvoyance n’épargne pas non plus les Français. Jean Giraudoux est un diplomate… de l’école nouvelle.
L'originalité de Siegfried et le Limousin tient au mélange d'ironie, de poésie et d'érudition qui imprègne cette œuvre que Giraudoux définissait à la fois comme une «divagation poétique» et «un petit pamphlet... sur la nécessité de reprendre contact avec l'Allemagne». Prophète d'une réconciliation féconde entre les deux pays, il rêvait à l'union possible des cultures germanique et française symbolisée par deux femmes, Éva et Geneviève, et d’un héros qui serait la synthèse parfaite et idéale des deux personnalités de Jacques et de Siegfried et de leur subtil chatoiement, car : «Introduire la poésie en France, la raison en Allemagne, c'est à peu près la même tâche.». Siegfried, héros à l'âme partagée entre deux patries, incarne l'Européen des années 1920, déchiré par les conflits nationaux, livrant une réflexion toujours actuelle sur l'identité, les cultures, les racines.
Le personnage inspirera celui de l'amnésique Gaston, dans “Le voyageur sans bagages” (1937) de Jean Anouilh, qui admirait beaucoup Giraudoux auquel il emprunta le prénom du héros avant la blessure (Jacques) et l'idée même du titre.
Incarnant un idéal pacifiste le roman Siegfried et le Limousin. obtint en 1922 le prix Balzac et la pièce connut un énorme succès, déterminant le passage de Giraudoux à la scène et sa future coopération avec Louis Jouvet.
Giraudoux propose ici un tableau tout en contraste de l’Allemagne, entre la séduction du romantisme et la menace d’un nationalisme revanchard.
L’histoire de Siegfried et le Limousin commence comme un roman policier. Au début des années 1920, Jean, le narrateur français, apprend par hasard que le célèbre juriste allemand Siegfried von Kleist est en réalité son ami, l'écrivain Jacques Forestier, soldat français blessé au combat et pris pour un allemand du fait de son amnésie.
Jean part donc pour Munich où grâce au baron Zelten, artiste francophile ayant vécu à Paris, il ne tarde pas à reconnaître son ami qui, jouissant d’une position brillante dans la société allemande, est sur le point d’entrer au gouvernement.
Mais Jean retrouve également ses souvenirs d'avant-guerre de germaniste boursier et certaines jeunes femmes qu'il avait alors connues. Il assiste au centenaire de Goethe, traverse une révolution menée par des israélites russes, et découvre les pulsions contradictoires de l'Allemagne nouvelle, prête à la revanche. Après avoir vécu la Passion à Oberammergau, il rentre avec Forestier dans le Limousin de son enfance.
L’aventure de Siegfried est prétexte à exprimer une volonté de réconciliation en traitant un problème psychologique bien particulier, celui de l’amnésie. On a pu voir Siegfried et le Limousin comme une «une sorte de pamphlet composé pour attirer l’attention d’un certain public français sur la nécessité de reprendre contact avec l’Allemagne littéraire». Le côté diabolique des grandes villes allemandes, les exagérations sentimentales, sexuelles, mystiques, hoffmannesques de leurs élites, sont observés avec une lucidité et un sens aigu du romantisme allemand. L’histoire de Forestier est déroutante, mais elle n’est peut-être qu’un prétexte pour l’auteur à placer les observations les plus judicieuses qu’on ait faites sur l’après-guerre français et allemand. Sa clairvoyance n’épargne pas non plus les Français. Jean Giraudoux est un diplomate… de l’école nouvelle.
L'originalité de Siegfried et le Limousin tient au mélange d'ironie, de poésie et d'érudition qui imprègne cette œuvre que Giraudoux définissait à la fois comme une «divagation poétique» et «un petit pamphlet... sur la nécessité de reprendre contact avec l'Allemagne». Prophète d'une réconciliation féconde entre les deux pays, il rêvait à l'union possible des cultures germanique et française symbolisée par deux femmes, Éva et Geneviève, et d’un héros qui serait la synthèse parfaite et idéale des deux personnalités de Jacques et de Siegfried et de leur subtil chatoiement, car : «Introduire la poésie en France, la raison en Allemagne, c'est à peu près la même tâche.». Siegfried, héros à l'âme partagée entre deux patries, incarne l'Européen des années 1920, déchiré par les conflits nationaux, livrant une réflexion toujours actuelle sur l'identité, les cultures, les racines.
Le personnage inspirera celui de l'amnésique Gaston, dans “Le voyageur sans bagages” (1937) de Jean Anouilh, qui admirait beaucoup Giraudoux auquel il emprunta le prénom du héros avant la blessure (Jacques) et l'idée même du titre.