Le 22 juillet, le roi Charles, descendant l'Aisne avec son armée,
reçut en un lieu nommé Vailly les clefs de la ville de Soissons.
Cette ville faisait partie du duché de Valois indivis entre la maison
d'Orléans et la maison de Bar. De ses ducs, l'un était prisonnier
des Anglais; l'autre tenait au parti français par son beau-frère le
roi Charles et au parti bourguignon par son beau-père le duc de
Lorraine. Il y avait là de quoi troubler dans leurs sentiments de
fidélité les habitants qui, foulés par les gens de guerre, pris et
repris à tout moment, chaperons rouges et chaperons blancs,
risquaient tour à tour d'être jetés dans la rivière. Les Bourguignons
mettaient le feu aux maisons, pillaient les églises, justiciaient les
plus gros bourgeois; puis les Armagnacs saccageaient tout, faisaient
grande occision d'hommes, de femmes et d'enfants, violaient nonnes,
prudes femmes et bonnes pucelles, tant que les Sarrazins n'eussent
fait pis. On avait vu les dames de la cité coudre des sacs pour y
mettre les Bourguignons et les noyer dans l'Aisne.
Le roi Charles fit son entrée le samedi 23 au matin. Les chaperons
rouges se cachèrent. Les cloches sonnèrent, le peuple cria «Noël» et
les bourgeois présentèrent au roi deux barbeaux, six moutons et six
setiers de «bon suret», s'excusant du peu: la guerre les avait
ruinés. Comme ceux de Troyes, ils refusèrent leurs portes aux gens
d'armes, en vertu de leurs privilèges et parce qu'ils n'avaient pas de
quoi les nourrir. L'armée campa dans la plaine d'Amblény.
reçut en un lieu nommé Vailly les clefs de la ville de Soissons.
Cette ville faisait partie du duché de Valois indivis entre la maison
d'Orléans et la maison de Bar. De ses ducs, l'un était prisonnier
des Anglais; l'autre tenait au parti français par son beau-frère le
roi Charles et au parti bourguignon par son beau-père le duc de
Lorraine. Il y avait là de quoi troubler dans leurs sentiments de
fidélité les habitants qui, foulés par les gens de guerre, pris et
repris à tout moment, chaperons rouges et chaperons blancs,
risquaient tour à tour d'être jetés dans la rivière. Les Bourguignons
mettaient le feu aux maisons, pillaient les églises, justiciaient les
plus gros bourgeois; puis les Armagnacs saccageaient tout, faisaient
grande occision d'hommes, de femmes et d'enfants, violaient nonnes,
prudes femmes et bonnes pucelles, tant que les Sarrazins n'eussent
fait pis. On avait vu les dames de la cité coudre des sacs pour y
mettre les Bourguignons et les noyer dans l'Aisne.
Le roi Charles fit son entrée le samedi 23 au matin. Les chaperons
rouges se cachèrent. Les cloches sonnèrent, le peuple cria «Noël» et
les bourgeois présentèrent au roi deux barbeaux, six moutons et six
setiers de «bon suret», s'excusant du peu: la guerre les avait
ruinés. Comme ceux de Troyes, ils refusèrent leurs portes aux gens
d'armes, en vertu de leurs privilèges et parce qu'ils n'avaient pas de
quoi les nourrir. L'armée campa dans la plaine d'Amblény.