— HISTOIRE VÉRITABLE. —
I
Il faisait extrêmement froid dans les derniers jours du mois de janvier 1841. Les rues de la ville d’Anvers avaient pris leur vêtement d’hiver et resplendissaient d’une éclatante blancheur. Pourtant la neige ne tombait pas en moelleux flocons, et ne réjouissait pas l’œil en s’éparpillant capricieusement comme un léger duvet ; au contraire, rude comme la grêle, elle fouettait bruyamment les vitres des maisons closes avec soin, et le souffle piquant du nord renvoyait bientôt près du poêle embrasé la plupart de ceux qui se risquaient sur le seuil de leur demeure.
Malgré la rigueur du froid, et bien qu’il ne fût que neuf heures du matin, on voyait, grâce au vendredi [1], circuler beaucoup de monde. Les jeunes gens s’efforçaient de se réchauffer en accélérant le pas, les bons bourgeois soufflaient dans leurs doigts en claquant des dents, et les ouvriers se frappaient le corps à tour de bras.
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Il faisait extrêmement froid dans les derniers jours du mois de janvier 1841. Les rues de la ville d’Anvers avaient pris leur vêtement d’hiver et resplendissaient d’une éclatante blancheur. Pourtant la neige ne tombait pas en moelleux flocons, et ne réjouissait pas l’œil en s’éparpillant capricieusement comme un léger duvet ; au contraire, rude comme la grêle, elle fouettait bruyamment les vitres des maisons closes avec soin, et le souffle piquant du nord renvoyait bientôt près du poêle embrasé la plupart de ceux qui se risquaient sur le seuil de leur demeure.
Malgré la rigueur du froid, et bien qu’il ne fût que neuf heures du matin, on voyait, grâce au vendredi [1], circuler beaucoup de monde. Les jeunes gens s’efforçaient de se réchauffer en accélérant le pas, les bons bourgeois soufflaient dans leurs doigts en claquant des dents, et les ouvriers se frappaient le corps à tour de bras.