Visite virtuelle de la capitale du dernier réduit stalinien de la planète et un retour sur le Juche, la philosophie unique qui régit la vie des 25 millions de Nord-Coréens. Succomberez-vous à la capitale interdite ?
Les premiers mots du sujets
Les voyageurs connaissent bien ce sentiment mêlé de curiosité. Le premier contact avec un pays inconnu se situe au sein de son aéroport international. Un douanier demande si l’on voyage avec des magazines érotiques ou des armes. Le deuxième contact a lieu durant le trajet qui mène de l’aéroport à la chambre d’hôtel. Les yeux tentent d’accrocher le plus de détails et de curiosités, comme cherchant une première justification au voyage. La Corée du Nord et sa capitale Pyongyang n’échappent pas à ce travers. Sauf que les 24 kilomètres qui séparent l’aéroport international de Sunon au centre de Pyongyang ont une saveur unique. Poser le pied dans ce que l’on a surnommé le royaume ermite a des allures de voyage au cœur d’une cité interdite. Les chancelleries et les médias occidentaux honnissent le pays, considéré - à tort - comme l’ultime bastion stalinien de la planète. Aussi, même épuisé par le voyage depuis Pékin, celui qui emprunte pour la première fois la route menant de Sunon, au nord, jusqu’à Pyongyang s’oblige à deviner le pays au travers des vitres le long des kilomètres qui défilent. Personne ne s’arrête jamais lors du trajet qui mène des pistes d’atterrissages à son lit d’hôtel. A quoi bon. Mais en Corée du Nord, chacun rêve de pouvoir le faire. L’appel de l’interdit, sans doute. L’appel secret du désir, aussi, d’une ville et d’une culture uniques sur la planète.
Ce long tunnel d’images inédites où les bus poussifs et fumeux harcèlent les charrettes à bras qui remontent le long des routes, fait rapidement oublier l’accueil froid, d’un autre âge, à l’aéroport où le voyageur doit laisser son passeport. Certes, on n’y « confie » plus ses téléphones portables comme avant, mais l’on s’y voit confier ses guides officiels le temps du séjour. Ces Coréens du nord typiques, parlant un français élaboré, ont les allures des commissaires politiques qui ont marqué la société soviétique dans la première moitié du XXe siècle. Ils rappellent les règles, l’interdiction de posséder la monnaie locale, seules les devises fortes, comme les euros et, bien entendu, les dollars américains sont les bienvenues. Ces guides et le chauffeur sont là pour faciliter chacune des minutes du touriste à Pyongyang. Leur entregent est ferme et parfois docile. À leur façon, ils incarnent ce visage rude que la Corée du Nord offre aux tribunes des pages internationales. Leur bonhommie apparente est à l’image du pays. Les premières heures passées à Pyongyang offrent le spectacle d’une société moderne, cohérente et avancée. Certes, Pyongyang n’est pas la Corée du Nord. Pyongyang est là où est née la Corée du Nord. C’est à la fois la tête et le berceau d’un monde qui a capitonné la vie de 24 millions d’individus depuis bientôt 70 ans.
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Les voyageurs connaissent bien ce sentiment mêlé de curiosité. Le premier contact avec un pays inconnu se situe au sein de son aéroport international. Un douanier demande si l’on voyage avec des magazines érotiques ou des armes. Le deuxième contact a lieu durant le trajet qui mène de l’aéroport à la chambre d’hôtel. Les yeux tentent d’accrocher le plus de détails et de curiosités, comme cherchant une première justification au voyage. La Corée du Nord et sa capitale Pyongyang n’échappent pas à ce travers. Sauf que les 24 kilomètres qui séparent l’aéroport international de Sunon au centre de Pyongyang ont une saveur unique. Poser le pied dans ce que l’on a surnommé le royaume ermite a des allures de voyage au cœur d’une cité interdite. Les chancelleries et les médias occidentaux honnissent le pays, considéré - à tort - comme l’ultime bastion stalinien de la planète. Aussi, même épuisé par le voyage depuis Pékin, celui qui emprunte pour la première fois la route menant de Sunon, au nord, jusqu’à Pyongyang s’oblige à deviner le pays au travers des vitres le long des kilomètres qui défilent. Personne ne s’arrête jamais lors du trajet qui mène des pistes d’atterrissages à son lit d’hôtel. A quoi bon. Mais en Corée du Nord, chacun rêve de pouvoir le faire. L’appel de l’interdit, sans doute. L’appel secret du désir, aussi, d’une ville et d’une culture uniques sur la planète.
Ce long tunnel d’images inédites où les bus poussifs et fumeux harcèlent les charrettes à bras qui remontent le long des routes, fait rapidement oublier l’accueil froid, d’un autre âge, à l’aéroport où le voyageur doit laisser son passeport. Certes, on n’y « confie » plus ses téléphones portables comme avant, mais l’on s’y voit confier ses guides officiels le temps du séjour. Ces Coréens du nord typiques, parlant un français élaboré, ont les allures des commissaires politiques qui ont marqué la société soviétique dans la première moitié du XXe siècle. Ils rappellent les règles, l’interdiction de posséder la monnaie locale, seules les devises fortes, comme les euros et, bien entendu, les dollars américains sont les bienvenues. Ces guides et le chauffeur sont là pour faciliter chacune des minutes du touriste à Pyongyang. Leur entregent est ferme et parfois docile. À leur façon, ils incarnent ce visage rude que la Corée du Nord offre aux tribunes des pages internationales. Leur bonhommie apparente est à l’image du pays. Les premières heures passées à Pyongyang offrent le spectacle d’une société moderne, cohérente et avancée. Certes, Pyongyang n’est pas la Corée du Nord. Pyongyang est là où est née la Corée du Nord. C’est à la fois la tête et le berceau d’un monde qui a capitonné la vie de 24 millions d’individus depuis bientôt 70 ans.
