Supporter un quotidien insupportable
Une femme battue attend le retour de son mari alcoolique qui n'a pas bu ce soir-là.
L’archétype de la nouvelle noire revisité
EXTRAIT
J'entends du bruit dans l'escalier. Non, ce n'est pas encore lui. Le chien ne bouge pas, c'est un signe. Je regarde la pendulette sur le buffet. Près de onze heures trente du soir. Attendre. Je ne vois même plus le programme télé, les images défilent, des personnes parlent, je ne les vois pas, je ne les écoute pas. Mon attention est dirigée vers la porte, uniquement vers la porte d'entrée, tout le reste glisse sur moi comme de la pluie. J'ai laissé la porte de la chambre de Sandrine entr'ouverte, elle doit dormir, elle. Avant qu'il rentre. Ce matin, on m'a dit au centre social que je devrais réagir, qu'à tout moment je pourrais me réfugier au foyer Louise Michel. Mais pourquoi, pourquoi ? C'est à cause de moi, je me sens coupable, sans doute, il parait que les femmes dans mon cas sont nombreuses. On a honte. On n'ose pas se confier à quelqu'un de la famille, de l'immeuble, des services sociaux. Oui, j'ai trop honte pour raconter mes histoires, dévoiler mes ratages. J'essaye de tenir vaille que vaille mon ménage, le ronron du quotidien me rassure, m'aide à supporter… l'insupportable. Rester seule, dans mon enfermement.
A PROPOS DE L’AUTEUR
Max Obione s’est emparé du noir sur le tard afin de donner libre cours à son tempérament libertaire. Dans ses polars et ses nouvelles, ce jeune auteur tardif revisite les archétypes du genre. C’est un franc-tireur des lettres qui, se reposant du noir un temps, met du rose à sa palette. Sur le chemin de la littérature érotique, il commence à semer des cailloux libertins. Mais le noir demeure sa couleur de prédilection.
Une femme battue attend le retour de son mari alcoolique qui n'a pas bu ce soir-là.
L’archétype de la nouvelle noire revisité
EXTRAIT
J'entends du bruit dans l'escalier. Non, ce n'est pas encore lui. Le chien ne bouge pas, c'est un signe. Je regarde la pendulette sur le buffet. Près de onze heures trente du soir. Attendre. Je ne vois même plus le programme télé, les images défilent, des personnes parlent, je ne les vois pas, je ne les écoute pas. Mon attention est dirigée vers la porte, uniquement vers la porte d'entrée, tout le reste glisse sur moi comme de la pluie. J'ai laissé la porte de la chambre de Sandrine entr'ouverte, elle doit dormir, elle. Avant qu'il rentre. Ce matin, on m'a dit au centre social que je devrais réagir, qu'à tout moment je pourrais me réfugier au foyer Louise Michel. Mais pourquoi, pourquoi ? C'est à cause de moi, je me sens coupable, sans doute, il parait que les femmes dans mon cas sont nombreuses. On a honte. On n'ose pas se confier à quelqu'un de la famille, de l'immeuble, des services sociaux. Oui, j'ai trop honte pour raconter mes histoires, dévoiler mes ratages. J'essaye de tenir vaille que vaille mon ménage, le ronron du quotidien me rassure, m'aide à supporter… l'insupportable. Rester seule, dans mon enfermement.
A PROPOS DE L’AUTEUR
Max Obione s’est emparé du noir sur le tard afin de donner libre cours à son tempérament libertaire. Dans ses polars et ses nouvelles, ce jeune auteur tardif revisite les archétypes du genre. C’est un franc-tireur des lettres qui, se reposant du noir un temps, met du rose à sa palette. Sur le chemin de la littérature érotique, il commence à semer des cailloux libertins. Mais le noir demeure sa couleur de prédilection.