Bigarreau est un roman du poète, romancier et auteur dramatique français André Theuriet (1833 – 1907).
Ce livre numérique présente l'édition intégrale et comporte une table des matières dynamique. Il est parfaitement mise en page pour une lecture sur liseuse électronique.
Extrait :
C’était à l’époque où l’on construisait la maison centrale. L’administration des prisons ayant résolu de dédoubler le personnel de celle de Cl…, en transportant les femmes qui y étaient détenues dans une autre localité, un inspecteur général avait déclaré que les bâtiments de l’ancienne abbaye d’Auberive répondraient merveilleusement aux vues du ministre. En conséquence, l’État avait acquis le vieux domaine des Cisterciens, et on était en train de l’approprier à sa nouvelle destination, au grand désespoir des habitants du bourg, qui se souciaient peu d’avoir une maison de force et de correction dans leur voisinage.
Le directeur de Cl…, impatient d’être débarrassé de ses détenues, pressait les travaux avec une activité fiévreuse ; et, comme son établissement n’était séparé d’Auberive que par une huitaine de lieues, il passait la moitié de son temps sur le chantier des constructions commencées, examinant les gros murs, harcelant l’architecte, bousculant les entrepreneurs et faisant endiabler les ouvriers. — Le directeur était un homme solide et trapu ; sa figure de négrier, haute en couleur, trouée de petite vérole, surmontée d’une calotte de cheveux crépus, poivre et sel, était éclairée par deux yeux gris, fureteurs, froids comme l’acier et singulièrement énergiques. Jusqu’à ce que les bâtiments fussent en état de recevoir les femmes, il avait décidé qu’on y transvaserait une cinquantaine de jeunes détenus, afin de les employer à des travaux de terrassements, et il les attendait le soir même...
Ce livre numérique présente l'édition intégrale et comporte une table des matières dynamique. Il est parfaitement mise en page pour une lecture sur liseuse électronique.
Extrait :
C’était à l’époque où l’on construisait la maison centrale. L’administration des prisons ayant résolu de dédoubler le personnel de celle de Cl…, en transportant les femmes qui y étaient détenues dans une autre localité, un inspecteur général avait déclaré que les bâtiments de l’ancienne abbaye d’Auberive répondraient merveilleusement aux vues du ministre. En conséquence, l’État avait acquis le vieux domaine des Cisterciens, et on était en train de l’approprier à sa nouvelle destination, au grand désespoir des habitants du bourg, qui se souciaient peu d’avoir une maison de force et de correction dans leur voisinage.
Le directeur de Cl…, impatient d’être débarrassé de ses détenues, pressait les travaux avec une activité fiévreuse ; et, comme son établissement n’était séparé d’Auberive que par une huitaine de lieues, il passait la moitié de son temps sur le chantier des constructions commencées, examinant les gros murs, harcelant l’architecte, bousculant les entrepreneurs et faisant endiabler les ouvriers. — Le directeur était un homme solide et trapu ; sa figure de négrier, haute en couleur, trouée de petite vérole, surmontée d’une calotte de cheveux crépus, poivre et sel, était éclairée par deux yeux gris, fureteurs, froids comme l’acier et singulièrement énergiques. Jusqu’à ce que les bâtiments fussent en état de recevoir les femmes, il avait décidé qu’on y transvaserait une cinquantaine de jeunes détenus, afin de les employer à des travaux de terrassements, et il les attendait le soir même...