Dans les dernières années de sa vie, Georges Cuvier daignait dérober de courts moments à d’immortelles recherches, pour rédiger quelques notes destinées à ses futurs biographes. Une de ces notes est ainsi conçue : « J’ai tant fait d’éloges, qu’il n’y a rien de présomptueux à croire qu’on fera le mien. » Cette remarque de l’illustre naturaliste m’a rappelé que le dernier secrétaire de l’ancienne Académie des sciences, que l’auteur de cinquante-quatre biographies d’académiciens, également remarquables par la finesse et par la profondeur, n’a pas encore reçu ici le juste tribut qui lui est dû in tant de titres. La dette remonte à près d’un demi-siècle ; cela même était une raison puissante de s’acquitter sans plus de retard. Nos Éloges, comme nos Mémoires, doivent avoir la vérité pour buse et pour objet. La vérité, en ce qui touche les hommes publics, est difficile in trouver, difficile à saisir, surtout quand leur vie s’est passée au milieu des orages de la politique. Je fais donc un appel sincère aux rares contemporains de Condorcet que la mort n’a pas encore moissonnes. Si, malgré tous mes soins, je me suis quelquefois égaré, je recevrai les rectifications (bien entendu les rectifications motivées) avec une profonde reconnaissance.
Caritat De Condorcet (French Edition)
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