Depuis l'époque où la guerre de religion commença en Allemagne, jusqu'à
la paix de Westphalie, il ne s'est passé presque rien d'important et de
mémorable dans le monde politique de l'Europe, où la réformation n'ait
eu la part principale. Tous les grands événements qui eurent lieu dans
cette période se rattachent à la réforme religieuse, si même ils n'y
prennent leur source; et, plus ou moins, directement ou indirectement,
les plus grands États, comme les plus petits, en ont éprouvé
l'influence.
La maison d'Espagne n'employa guère son énorme puissance qu'à combattre
les nouvelles opinions ou leurs adhérents. C'est par la réformation que
fut allumée la guerre civile qui, sous quatre règnes orageux, ébranla la
France jusque dans ses fondements, attira les armes étrangères dans le
coeur de ce royaume, et en fit, pendant un demi-siècle, le théâtre des
plus déplorables bouleversements. C'est la réformation qui rendit le
joug espagnol insupportable aux Pays-Bas; c'est elle qui éveilla chez ce
peuple le désir et le courage de s'en délivrer, et lui en donna, en
grande partie, la force. Dans tout le mal que Philippe II voulut faire à
la reine Élisabeth d'Angleterre, son seul but fut de se venger de ce
qu'elle protégeait contre lui ses sujets protestants et s'était mise à
la tête d'un parti religieux qu'il s'efforçait d'anéantir. En Allemagne,
le schisme dans l'Église eut pour conséquence un long schisme politique,
qui livra, il est vrai, ce pays à la confusion durant plus d'un siècle,
mais qui éleva en même temps un rempart durable contre la tyrannie. Ce
fut en grande partie la réformation qui la première fit entrer les
royaumes du Nord, la Suède et le Danemark dans le système européen,
parce que leur accession fortifiait l'alliance protestante, et que cette
alliance leur était à eux-mêmes indispensable. Des États qui,
auparavant, existaient à peine les uns pour les autres, commencèrent à
avoir, grâce à la réformation, un point de contact important, et à
s'unir entre eux par des liens tout nouveaux de sympathie politique. De
même que la réformation changea les rapports de citoyen à citoyen, et
ceux des souverains avec leurs sujets, de même des États entiers
entrèrent, par son influence, dans des relations nouvelles les uns avec
les autres; et ainsi, par une marche singulière des choses, il fut
réservé à la division de l'Église d'amener l'union plus étroite des
États entre eux.
la paix de Westphalie, il ne s'est passé presque rien d'important et de
mémorable dans le monde politique de l'Europe, où la réformation n'ait
eu la part principale. Tous les grands événements qui eurent lieu dans
cette période se rattachent à la réforme religieuse, si même ils n'y
prennent leur source; et, plus ou moins, directement ou indirectement,
les plus grands États, comme les plus petits, en ont éprouvé
l'influence.
La maison d'Espagne n'employa guère son énorme puissance qu'à combattre
les nouvelles opinions ou leurs adhérents. C'est par la réformation que
fut allumée la guerre civile qui, sous quatre règnes orageux, ébranla la
France jusque dans ses fondements, attira les armes étrangères dans le
coeur de ce royaume, et en fit, pendant un demi-siècle, le théâtre des
plus déplorables bouleversements. C'est la réformation qui rendit le
joug espagnol insupportable aux Pays-Bas; c'est elle qui éveilla chez ce
peuple le désir et le courage de s'en délivrer, et lui en donna, en
grande partie, la force. Dans tout le mal que Philippe II voulut faire à
la reine Élisabeth d'Angleterre, son seul but fut de se venger de ce
qu'elle protégeait contre lui ses sujets protestants et s'était mise à
la tête d'un parti religieux qu'il s'efforçait d'anéantir. En Allemagne,
le schisme dans l'Église eut pour conséquence un long schisme politique,
qui livra, il est vrai, ce pays à la confusion durant plus d'un siècle,
mais qui éleva en même temps un rempart durable contre la tyrannie. Ce
fut en grande partie la réformation qui la première fit entrer les
royaumes du Nord, la Suède et le Danemark dans le système européen,
parce que leur accession fortifiait l'alliance protestante, et que cette
alliance leur était à eux-mêmes indispensable. Des États qui,
auparavant, existaient à peine les uns pour les autres, commencèrent à
avoir, grâce à la réformation, un point de contact important, et à
s'unir entre eux par des liens tout nouveaux de sympathie politique. De
même que la réformation changea les rapports de citoyen à citoyen, et
ceux des souverains avec leurs sujets, de même des États entiers
entrèrent, par son influence, dans des relations nouvelles les uns avec
les autres; et ainsi, par une marche singulière des choses, il fut
réservé à la division de l'Église d'amener l'union plus étroite des
États entre eux.