Marie Madeleine Pioche de La Vergne ayant épousé, en 1655, à l'âge de
vingt-deux ans, François Motier, comte de La Fayette, frère de la belle
et innocente amie de Louis XIII, allait souvent visiter au couvent des
Filles-Sainte-Marie de Chaillot sa belle-sœur qui, sous le nom de mère
Angélique, était supérieure de cette maison. Elle y vit Henriette-Marie
de France, veuve de Charles Ier, et sa fille Henriette d'Angleterre,
encore enfant, qui plus tard épousa le duc d'Orléans, frère de Louis
XIV. Les rencontres furent assez fréquentes, car la reine exilée
habitait le couvent de Chaillot pendant une grande partie de l'année, et
la comtesse se lia peu à peu avec la jeune princesse d'Angleterre.
«Cette connoissance, dit madame de La Fayette, me donna depuis l'honneur
de sa familiarité, en sorte que, quand elle fut mariée, j'eus toutes les
entrées particulières chez elle; et, quoique je fusse plus âgée de dix
ans qu'elle, elle me témoigna jusqu'à la mort beaucoup de bonté, et eut
beaucoup d'égards pour moi.» Il y avait entre elles une mutuelle
sympathie et Henriette, après son mariage, confiait à cette ancienne
amie tout ce qui ne touchait pas le secret du roi. En 1665, après
l'exil du comte de Guiche, qui laissait en partant un vif souvenir à la
princesse désœuvrée, celle-ci dit à madame de La Fayette: «Ne
trouvez-vous pas que, si tout ce qui m'est arrivé et les choses qui y
ont relation étoit écrit, cela composeroit une jolie histoire?» Et,
songeant sans doute à une nouvelle, qu'elle connaissait fort bien, car
elle y fit allusion un jour dans une conversation avec Vardes, je
veux dire la Princesse de Montpensier, elle ajouta: «Vous écrivez
bien: écrivez, je vous fournirai de bons mémoires.»
vingt-deux ans, François Motier, comte de La Fayette, frère de la belle
et innocente amie de Louis XIII, allait souvent visiter au couvent des
Filles-Sainte-Marie de Chaillot sa belle-sœur qui, sous le nom de mère
Angélique, était supérieure de cette maison. Elle y vit Henriette-Marie
de France, veuve de Charles Ier, et sa fille Henriette d'Angleterre,
encore enfant, qui plus tard épousa le duc d'Orléans, frère de Louis
XIV. Les rencontres furent assez fréquentes, car la reine exilée
habitait le couvent de Chaillot pendant une grande partie de l'année, et
la comtesse se lia peu à peu avec la jeune princesse d'Angleterre.
«Cette connoissance, dit madame de La Fayette, me donna depuis l'honneur
de sa familiarité, en sorte que, quand elle fut mariée, j'eus toutes les
entrées particulières chez elle; et, quoique je fusse plus âgée de dix
ans qu'elle, elle me témoigna jusqu'à la mort beaucoup de bonté, et eut
beaucoup d'égards pour moi.» Il y avait entre elles une mutuelle
sympathie et Henriette, après son mariage, confiait à cette ancienne
amie tout ce qui ne touchait pas le secret du roi. En 1665, après
l'exil du comte de Guiche, qui laissait en partant un vif souvenir à la
princesse désœuvrée, celle-ci dit à madame de La Fayette: «Ne
trouvez-vous pas que, si tout ce qui m'est arrivé et les choses qui y
ont relation étoit écrit, cela composeroit une jolie histoire?» Et,
songeant sans doute à une nouvelle, qu'elle connaissait fort bien, car
elle y fit allusion un jour dans une conversation avec Vardes, je
veux dire la Princesse de Montpensier, elle ajouta: «Vous écrivez
bien: écrivez, je vous fournirai de bons mémoires.»