Extrai:
« D’où suis-je venu ? Où m’as-tu trouvé ? » demande Bébé à sa mère.
Elle pleure et rit tout à la fois et, pressant l’enfant sur sa poitrine, lui répond :
« Tu étais caché dans mon cœur, mon chéri, tu étais son désir.
« Tu étais dans les poupées de mon enfance et quand, chaque matin, je modelais dans l’argile l’image de mon dieu, c’était toi que je faisais et défaisais alors.
« Tu étais sur l’autel avec la divinité de notre foyer ; en l’adorant, je t’adorais.
« Dans tous mes espoirs, dans toutes mes amours, dans ma vie, dans la vie de ma mère, tu as vécu.
« L’Esprit immortel qui préside à notre foyer t’a choyé dans son sein de tout temps.
« Dans l’adolescence, quand mon cœur ouvrait ses pétales, tu l’enveloppais, comme un parfum flottant.
« Ta délicate fraîcheur veloutait mes jeunes membres, tel le reflet rose qui précède l’aurore.
« Toi, le chéri du ciel, toi dont la sœur jumelle fut la lumière du premier matin, tu as été emporté par les flots de la vie universelle, qui t’a enfin déposé sur mon cœur.
« Tandis que je contemple ton visage, la vague du mystère me submerge : toi qui appartiens à tous, tu m’as été donné !
« De crainte que tu ne m’échappes, je te tiens serré sur mon cœur. Quelle magie a donc livré le trésor du monde à mes bras frêles ? »
LA SOURCE[1]
Le sommeil qui se pose sur les yeux de Bébé, quelqu’un sait-il d’où il vient ? Oui, le bruit court que dans la forêt ombreuse il habite un village de fées, éclairé par les vers luisants. Là, deux boutons de pavot enchanté s’ouvrent comme en émoi : c’est de là que le sommeil part pour venir baiser les yeux de Bébé.
Le sourire qui palpite sur les lèvres de Bébé, quand il sommeille, quelqu’un sait-il où il est né ?
Oui, le bruit court qu’un rayon jeune et pâle du croissant de la lune effleura le bord d’une nuée d’automne prête à disparaître et là, dans le rêve d’un matin trempé de rosée, naquit le sourire qui palpite sur les lèvres de Bébé quand il sommeille.
La fraîcheur douce et veloutée qui s’épanouit sur les membres de Bébé, quelqu’un sait-il où elle a été cachée si longtemps ?
Oui, quand sa mère était jeune, la fraîcheur douce et veloutée qui s’épanouit aujourd’hui sur les membres de Bébé emplissait son cœur virginal : tendre et silencieux mystère d’amour !
LES CAPRICES DE BÉBÉ
Bébé s’envolerait au ciel à l’instant même, pour peu qu’il en eût envie.
Mais il a ses raisons pour ne pas nous quitter.
Poser la tête sur le sein de sa mère, voilà tout son bonheur ; pour rien au monde, il ne voudrait la perdre de vue.
La sagesse de Bébé s’exprime en paroles subtiles. Mais combien sont rares ceux qui peuvent en saisir le sens !
S’il ne parle pas, c’est qu’il a ses raisons.
Ce qu’il désire avant tout c’est apprendre le langage maternel des lèvres mêmes de sa mère. C’est pour cela qu’il prend un air si innocent !
Malgré les monceaux d’or et de perles qu’il possédait, Bébé est arrivé comme un mendiant sur cette terre.
Il a eu ses raisons pour venir sous ce déguisement.
Ce cher petit, nu et suppliant, contrefait une indigence complète, afin de réclamer de sa mère tous les trésors de sa tendresse.
Dans le pays du menu croissant de lune, rien n’entravait la liberté de Bébé !
Il a eu ses raisons pour renoncer à son indépendance.
Il sait que ce petit nid, le cœur de sa mère, contient des joies inépuisables, il sait que la tendre étreinte des bras maternels est infiniment plus douce que la liberté.
Bébé ne savait pas pleurer. Il vivait dans le pays de la félicité parfaite.
Ce n’est pas sans raison qu’il s’est mis à verser des larmes.
Les entrailles de sa mère sont émues par le sourire de son doux visage, mais ce sont les petits cris que lui arrachent ses chagrins d’enfant qui tissent entre elle et lui le double lien de la pitié et de l’amour...
« D’où suis-je venu ? Où m’as-tu trouvé ? » demande Bébé à sa mère.
Elle pleure et rit tout à la fois et, pressant l’enfant sur sa poitrine, lui répond :
« Tu étais caché dans mon cœur, mon chéri, tu étais son désir.
« Tu étais dans les poupées de mon enfance et quand, chaque matin, je modelais dans l’argile l’image de mon dieu, c’était toi que je faisais et défaisais alors.
« Tu étais sur l’autel avec la divinité de notre foyer ; en l’adorant, je t’adorais.
« Dans tous mes espoirs, dans toutes mes amours, dans ma vie, dans la vie de ma mère, tu as vécu.
« L’Esprit immortel qui préside à notre foyer t’a choyé dans son sein de tout temps.
« Dans l’adolescence, quand mon cœur ouvrait ses pétales, tu l’enveloppais, comme un parfum flottant.
« Ta délicate fraîcheur veloutait mes jeunes membres, tel le reflet rose qui précède l’aurore.
« Toi, le chéri du ciel, toi dont la sœur jumelle fut la lumière du premier matin, tu as été emporté par les flots de la vie universelle, qui t’a enfin déposé sur mon cœur.
« Tandis que je contemple ton visage, la vague du mystère me submerge : toi qui appartiens à tous, tu m’as été donné !
« De crainte que tu ne m’échappes, je te tiens serré sur mon cœur. Quelle magie a donc livré le trésor du monde à mes bras frêles ? »
LA SOURCE[1]
Le sommeil qui se pose sur les yeux de Bébé, quelqu’un sait-il d’où il vient ? Oui, le bruit court que dans la forêt ombreuse il habite un village de fées, éclairé par les vers luisants. Là, deux boutons de pavot enchanté s’ouvrent comme en émoi : c’est de là que le sommeil part pour venir baiser les yeux de Bébé.
Le sourire qui palpite sur les lèvres de Bébé, quand il sommeille, quelqu’un sait-il où il est né ?
Oui, le bruit court qu’un rayon jeune et pâle du croissant de la lune effleura le bord d’une nuée d’automne prête à disparaître et là, dans le rêve d’un matin trempé de rosée, naquit le sourire qui palpite sur les lèvres de Bébé quand il sommeille.
La fraîcheur douce et veloutée qui s’épanouit sur les membres de Bébé, quelqu’un sait-il où elle a été cachée si longtemps ?
Oui, quand sa mère était jeune, la fraîcheur douce et veloutée qui s’épanouit aujourd’hui sur les membres de Bébé emplissait son cœur virginal : tendre et silencieux mystère d’amour !
LES CAPRICES DE BÉBÉ
Bébé s’envolerait au ciel à l’instant même, pour peu qu’il en eût envie.
Mais il a ses raisons pour ne pas nous quitter.
Poser la tête sur le sein de sa mère, voilà tout son bonheur ; pour rien au monde, il ne voudrait la perdre de vue.
La sagesse de Bébé s’exprime en paroles subtiles. Mais combien sont rares ceux qui peuvent en saisir le sens !
S’il ne parle pas, c’est qu’il a ses raisons.
Ce qu’il désire avant tout c’est apprendre le langage maternel des lèvres mêmes de sa mère. C’est pour cela qu’il prend un air si innocent !
Malgré les monceaux d’or et de perles qu’il possédait, Bébé est arrivé comme un mendiant sur cette terre.
Il a eu ses raisons pour venir sous ce déguisement.
Ce cher petit, nu et suppliant, contrefait une indigence complète, afin de réclamer de sa mère tous les trésors de sa tendresse.
Dans le pays du menu croissant de lune, rien n’entravait la liberté de Bébé !
Il a eu ses raisons pour renoncer à son indépendance.
Il sait que ce petit nid, le cœur de sa mère, contient des joies inépuisables, il sait que la tendre étreinte des bras maternels est infiniment plus douce que la liberté.
Bébé ne savait pas pleurer. Il vivait dans le pays de la félicité parfaite.
Ce n’est pas sans raison qu’il s’est mis à verser des larmes.
Les entrailles de sa mère sont émues par le sourire de son doux visage, mais ce sont les petits cris que lui arrachent ses chagrins d’enfant qui tissent entre elle et lui le double lien de la pitié et de l’amour...