Dix ans à user ses doigts sur le clavier et ses yeux sur l’écran pour écrire des histoires banales et insipides. Toutes plus macabres les unes que les autres, elles demeuraient des succédanés du genre. Son crédo, les polars bien noirs souffraient d’une absence totale d’originalité dans leur construction créative et d’inspiration dans la description des scènes. Il tenta bien, sans trop y croire, de proposer ses romans à quelques sites collaboratifs afin de se confronter aux critiques. Il n’obtint au final qu’une seule certitude, même le travail n’y ferait rien, il n’était pas fait pour le job. Il se réfugia alors dans la gloutonnerie, avalant les polars par grosses bouchées. Il ne dormait plus que trois à quatre heures par nuit, obnubilé par cette obsession, lire au moins deux livres par jour. Lire ne lui devint rapidement plus suffisant, il se mit à passer en boucles toutes les séries policières diffusées sur la TNT, le net ou le streaming. Il se replia progressivement sur lui-même au point de donner sa démission à son employeur. Il souhaitait dédier cent pour cent de son temps à transposer sa vie dans les intrigues policières. Sa fascination pour les meurtres en série, le machiavélisme et l’horreur des histoires au sein desquelles il s’identifiait de plus en plus, devinrent maladives. Son entourage ne le fréquentait plus, cela ne lui fit ni chaud, ni froid, bien au contraire, tout ce temps gâché au conformisme de la sociabilité ne l’intéressait plus. Il s’était emmuré dans un univers sombre et démoniaque à l’abri de toute autre sensation, émotion ou désir. L’addiction fut irréversible et le naufrage qui en découla inévitable.
LE COUPABLE IDEAL (French Edition)
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