Il y a une trentaine d’années, miss Maria Ward, de la petite ville d’Huntingdon, n’ayant que sept mille livres sterling pour fortune, eut le bonheur de captiver sir Thomas Bertram, propriétaire du parc de Mansfield dans le comté de Northampton, et de se trouver par-là élevée au rang d’épouse d’un baronet, avec tous les agrémens et l’importance d’une belle maison et d’un grand revenu. Tout Huntingdon se récria sur les avantages d’un tel mariage ; l’oncle de miss Maria lui-même, qui était un homme de robe, reconnut qu’elle aurait dû posséder trois mille livres sterling de plus pour pouvoir y prétendre avec quelque raison. Elle avait deux sœurs qui, aussi jolies qu’elle, paraissaient devoir se ressentir de son élévation ; mais il n’y a pas dans le monde autant d’hommes d’une grande fortune, que de jolies femmes qui les méritent. Miss Ward, l’aînée des sœurs de miss Maria, après avoir attendu cinq ou six ans, fut obligée de s’attacher au révérend monsieur Norris, ami de son beau-frère, qui n’avait que fort peu de biens ; et miss Fanny, la plus jeune des trois sœurs, fut encore plus mal partagée. Le mariage de miss Ward ne fut pas toutefois désavantageux : sir Thomas s’étant trouvé heureusement à même de procurer à son ami le presbytère de Mansfield, et monsieur et madame Norris commencèrent leur carrière de félicité conjugale avec un revenu de près de mille livres sterling par an. Mais miss Fanny se maria tout à fait contre le gré de sa famille, en s’unissant à un lieutenant de marine, sans éducation, sans fortune, et sans aucune protection. Elle pouvait difficilement faire un plus mauvais choix.
Le Parc de Mansfield, ou les Trois cousines: (Les Quatre Tomes) (French Edition)
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