ACTE PREMIER
Scène première
Phœdrie, Parmenon.
Parmenon
Hé bien ! on vous a dit qu’elle estoit empeschée ;
Est-ce là le sujet dont vostre ame est touchée ?
Peu de choses en amour alarme nos esprits,
Mais il n’est pas besoin d’excuser ce mespris ;
Vous n’escoutez que trop un discours qui vous flate.
Phœdrie
Quoy ! je pourrois encor brûler pour cette Ingrate
Qui, pour prix de mes vœux, pour fruit de mes travaux,
Me ferme son logis, et l’ouvre à mes rivaux !
Non, non, j’ay trop de cœur pour souffrir cette injure ;
Que Thaïs à son tour me presse et me conjure,
Se serve des appas d’un œil tousjours vainqueur,
M’ouvre, non-seulement son logis, mais son cœur,
J’aymerois mieux mourir qu’y rentrer de ma vie ;
D’assez d’autres beautez Athenes est remplie :
De ce pas à Thaïs va le faire sçavoir,
Et luy dy de ma part.