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    L’Heidenmauer (French Edition)

    Por James Fenimore Cooper

    Sobre


    M

    ALGRÉ un usage depuis longtemps établi, nous avions passé un été enfermés dans les murs d’une grande ville ; mais le moment de la liberté arriva, et les oiseaux n’ont pas plus de plaisir à quitter leur cage que nous en eûmes à commander des chevaux de poste. Nous étions quatre dans une légère calèche de voyage, que de vigoureux chevaux normands transportaient gaiement vers leur province natale. Nous quittions Paris pour quelque temps, la reine des cités modernes, avec son tumulte et son ordre, ses palais et ses rues étroites, son élégance et sa saleté, ses habitants toujours en mouvement et ses politiques stationnaires, ses théories en contradiction avec sa pratique, sa richesse et sa pauvreté, sa gaieté et sa tristesse, ses rentiers et ses patriotes, ses jeunes libéraux et ses vieux ultras, ses trois états et son égalité, sa délicatesse de langage et son énergie de conduite, son gouvernement du peuple et son peuple ingouvernable, ses baïonnettes et sa force morale, sa science et son ignorance, ses plaisirs et ses révolutions, sa résistance qui recule et son mouvement qui s’arrête, ses marchandes de modes, ses philosophes, ses danseurs d’Opéra, ses poëtes, ses joueurs de violon, ses banquiers et ses cuisiniers. Bien que confinés depuis longtemps en-deçà des arrières, il ne nous était pas facile de quitter Paris tout à fait sans regrets : Paris, que tout étranger critique, et que tout étranger recherche, que les moralistes abhorrent et qu’ils imitent, qui fait secouer la tête des vieillards et battre le cœur des jeunes gens ; Paris, le centre d’excellentes choses et de choses qu’on ne peut nommer !
    Cette nuit-là nous reposâmes notre tête sur de rustiques oreillers, loin de la capitale de la France. Le jour suivant nous respirâmes la brise de mer. Traversant l’Artois et la Flandre française, dans la matinée du quatrième jour nous entrâmes dans le nouveau royaume de Belgique par les villes historiques et vénérables de Douai, Tournai et Ath. À chaque pas nous rencontrions le drapeau qui flotte sur le pavillon des Tuileries, et nous reconnaissions l’air confiant et la démarche aisée des soldats français. Ils avaient été envoyés pour soutenir le trône chancelant de la maison de Saxe, et ils nous semblaient aussi à leur aise que lorsqu’ils se promenaient oisivement sur le quai d’Orsay.
    On voyait encore à Bruxelles des preuves évidentes de la violence de la lutte qui avait chassé les Hollandais. Quarante-six boulets étaient encore incrustés dans les murs d’une maison qui n’était pas très-grande, tandis que quatre-vingt treize balles étaient entrées dans une de ses colonnes ! Dans nos appartements, il y avait aussi de terribles traces de guerre. Les glaces étaient brisées, les murs sillonnés par la mitraille, le bois des lits percé de balles, et les meubles endommagés. Les arbres du parc étaient mutilés en mille endroits, et le petit Cupidon que nous avions laissé riant au-dessus de la principale grille trois ans auparavant, était estropié et mélancolique, tandis que son compagnon avait pris son vol sur les ailes d’un boulet de canon. Au milieu de ces vestiges effrayants, nous évitâmes heureusement la vue du sang humain, et nous apprîmes du suisse obligeant qui présidait dans l’hôtel que ses caves, qui ont en tout temps une grande réputation, furent plus fréquentées encore pendant le siège. Nous conclûmes de toutes ces preuves que les Belges avaient livré de violents combats pour leur émancipation, ce qui prouve, du moins, qu’ils méritent d’être libres.
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