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    L’illustration, no. 1606, 6 decembre 1873

    Por Various

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    La nouvelle combinaison ministérielle que nous avons enregistrée dans notre précédent bulletin a provoqué un vif mécontentement dans les rangs de la droite légitimiste et aura probablement pour résultat de détacher de la majorité gouvernementale une partie de ce groupe parlementaire; le gouvernement trouvera, il est vrai, d'un autre côté, d'amples compensations, mais ce revirement n'en est pas moins le point de départ d'une situation nouvelle et dont il est difficile de prévoir l'issue. Le caractère du changement introduit dans notre système politique par la prorogation septennale des pouvoirs du maréchal-président était loin, en effet, d'être interprété de la même manière par tous ceux qui avaient appuyé cette prorogation de leur vote; selon les uns, on avait surtout eu pour objet de créer un pouvoir anonyme, à l'abri duquel il serait toujours loisible de travailler à une restauration monarchique; selon les autres, le vote du 19 novembre avait créé un gouvernement réel, dont l'existence ne saurait plus être mise en péril par les attaques et les compétitions des partis et que personne n'aurait plus le droit de chercher à détruire. Or, c'est précisément dans ce dernier sens que s'est modifié le cabinet du 24 mai en se séparant de MM. Ernoul et de la Bouillerie, et en faisant appel au concours de MM. Depeyre et de Larcy. Bien qu'appartenant, comme leurs prédécesseurs, à la droite, MM. Depeyre et de Larcy étaient placés, comme on l'a dit, à la gauche de ce groupe; leur situation parlementaire leur permettait de se rallier à un programme inacceptable pour MM. Ernoul et de la Bouillerie, qui avaient notoirement joué un rôle actif dans la campagne monarchique; d'ailleurs, MM. Depeyre et de Larcy n'avaient pas accepté sans difficultés les portefeuilles qui leur étaient offerts, et il n'aurait pas fallu moins, assure-t-on, pour les y décider, une l'intervention personnelle du maréchal-président. On conçoit qu'en présence de complications aussi épineuses, l'enfantement du nouveau ministère ait été des plus laborieux; il ne faut donc plus s'étonner des lenteurs qui ont présidé à sa formation. Les effets de la scission que nous signalions en commençant n'ont pas tardé à se manifester; le spectacle que nous donne l'Assemblée depuis huit jours montre clairement que l'ancienne majorité du 24 mai est en pleine dissolution. La loi de prorogation portait, on s'en souvient, que, dans les trois jours de sa promulgation, aurait lieu la nomination de la commission chargée de l'examen des lois constitutionnelles; or, le scrutin ayant pour objet la nomination de cette commission a commencé le 20 novembre, et au moment où nous écrivons il n'est pas encore terminé; depuis huit jours, les urnes circulent dans l'Assemblée à chaque séance sans qu'il en ait encore pu sortir trente noms réunissant la majorité nécessaire; et cependant, le chiffre de cette majorité nécessaire diminue chaque jour en raison du nombre toujours croissant des abstentions; sur les vingt-huit commissaires nommés jusqu'à présent, deux seulement l'ont été à une majorité dépassant quatre cents voix, et cette majorité ne s'élevait plus qu'à trois cents voix pour les deux derniers. Dans la séance de l'Assemblée nationale du 28 novembre, M. le vice-président du conseil a donné lecture du projet de loi sur les maires et les attributions de la police municipale. Ce projet se compose de quatre articles. Le premier attribue au président de la République la nomination des maires et des adjoints dans les chefs-lieux de département, d'arrondissement et de canton; aux préfets, dans les autres communes; et, en vertu de l'article 2, ces nominations doivent avoir lieu dès la promulgation de la loi. L'article 3 accorde aux préfets et aux sous-préfets les attributions du préfet de police, et l'article 4 rend les dépenses de police obligatoires pour les communes. Ce projet de loi, qui va enlever aux radicaux le dernier élément de force qu'ils possédaient dans le pays, a naturellement excité toutes les colères de l'opposition, qui a fait ressortir sur tous les tons et dans tous les journaux dont elle dispose le démenti que se donnera en le votant la majorité naguère si résolument décentralisatrice. Mais si l'opposition a ses raisons pour crier, la majorité a les siennes aussi sans doute pour agir comme elle le fait. Ajoutons que le projet de loi sur les maires n'est qu'une garantie provisoire que se donne le gouvernement, en attendant le vote dés lois organiques municipales.
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