Extrait :
Pour ceux qui aimeraient à voir s’affermir la forme de gouvernement donnée à la France par la révolution de février et qui sont accoutumés à observer dans l’histoire la corrélation des faits sociaux et des faits intellectuels, c’est un sujet d’étonnement et presque d’inquiétude que l’ordre nouveau n’ait encore produit aucune œuvre remarquable dans l’art et dans les lettres. Le lendemain de la révolution de juillet, on récitait les iambes rudes et populaires de la Curée, on chantait du moins les couplets bourgeois de l’innocente Parisienne ; en 1848, aucune voix de poète n’a salué le berceau de la nouvelle république : il a fallu que la mélopée terrible de Mlle Rachel s’efforçât de ranimer la vieille Marseillaise, ce chant d’un autre âge, et que l’on répétât dans une fête républicaine un dithyrambe de M. Hugo sur les journées de juillet. Où donc, ailleurs que dans quelques inspirations de M. de Lamartine, a retenti éloquente la voix de février ? La parole des clubs n’a été qu’une reproduction servile des fureurs d’une époque dont la violence avait au moins le mérite de l’originalité. On ne saurait guère faire honneur à la révolution des inquiétudes sur la propriété qui ont provoqué la ferme logique de M. Cousin, le bon sens si lumineux, si spirituel de M. Thiers.....
Pour ceux qui aimeraient à voir s’affermir la forme de gouvernement donnée à la France par la révolution de février et qui sont accoutumés à observer dans l’histoire la corrélation des faits sociaux et des faits intellectuels, c’est un sujet d’étonnement et presque d’inquiétude que l’ordre nouveau n’ait encore produit aucune œuvre remarquable dans l’art et dans les lettres. Le lendemain de la révolution de juillet, on récitait les iambes rudes et populaires de la Curée, on chantait du moins les couplets bourgeois de l’innocente Parisienne ; en 1848, aucune voix de poète n’a salué le berceau de la nouvelle république : il a fallu que la mélopée terrible de Mlle Rachel s’efforçât de ranimer la vieille Marseillaise, ce chant d’un autre âge, et que l’on répétât dans une fête républicaine un dithyrambe de M. Hugo sur les journées de juillet. Où donc, ailleurs que dans quelques inspirations de M. de Lamartine, a retenti éloquente la voix de février ? La parole des clubs n’a été qu’une reproduction servile des fureurs d’une époque dont la violence avait au moins le mérite de l’originalité. On ne saurait guère faire honneur à la révolution des inquiétudes sur la propriété qui ont provoqué la ferme logique de M. Cousin, le bon sens si lumineux, si spirituel de M. Thiers.....