Le manège fascinant d’un pickpocket
Ce personnage singulier s’imposa d’abord à mon attention par le simple fait qu’il revenait constamment dans mon champ visuel. Ces mille, ces dix mille autres passants que j’avais vus défiler pendant cette demi-heure disparaissaient tous comme tirés par d’invisibles fils : ils me montraient rapidement une silhouette, un profil, une ombre, et déjà le courant les avait emportés à tout jamais. Cet homme, au contraire, ne cessait de revenir et toujours au même endroit : c’est pourquoi je le remarquai.
Un classique de la littérature noire préfacé par Patrick Eris
EXTRAIT
Il était délicieux l’air de cette singulière matinée d’avril 1931, encore tout chargé de pluie et déjà tout ensoleillé. Il avait la saveur d’un fondant, doux, frais, humide et brillant : un pur printemps, un ozone sans mélange. En plein boulevard de Strasbourg, on s’étonnait de respirer une bonne odeur de prés en fleur et d’océan. Ce ravissant miracle était l’œuvre d’une averse, une de ces capricieuses ondées d’avril dont use volontiers le printemps pour s’annoncer de la façon la plus cavalière.
A PROPOS DE L'AUTEUR
Stefan Zweig, né en 1881 à Vienne, et mort par suicide en 1942, à Petrópolis au Brésil, est un écrivain, dramaturge, journaliste et biographe autrichien.
Ce personnage singulier s’imposa d’abord à mon attention par le simple fait qu’il revenait constamment dans mon champ visuel. Ces mille, ces dix mille autres passants que j’avais vus défiler pendant cette demi-heure disparaissaient tous comme tirés par d’invisibles fils : ils me montraient rapidement une silhouette, un profil, une ombre, et déjà le courant les avait emportés à tout jamais. Cet homme, au contraire, ne cessait de revenir et toujours au même endroit : c’est pourquoi je le remarquai.
Un classique de la littérature noire préfacé par Patrick Eris
EXTRAIT
Il était délicieux l’air de cette singulière matinée d’avril 1931, encore tout chargé de pluie et déjà tout ensoleillé. Il avait la saveur d’un fondant, doux, frais, humide et brillant : un pur printemps, un ozone sans mélange. En plein boulevard de Strasbourg, on s’étonnait de respirer une bonne odeur de prés en fleur et d’océan. Ce ravissant miracle était l’œuvre d’une averse, une de ces capricieuses ondées d’avril dont use volontiers le printemps pour s’annoncer de la façon la plus cavalière.
A PROPOS DE L'AUTEUR
Stefan Zweig, né en 1881 à Vienne, et mort par suicide en 1942, à Petrópolis au Brésil, est un écrivain, dramaturge, journaliste et biographe autrichien.