Extrait :
Comme tous les événements historiques, la guerre actuelle dépend, en partie, de causes profondes et lointaines. Les historiens auront un jour à rechercher par suite de quelles conditions démographiques, économiques, ethniques, les occasions de conflits semblaient, depuis quelque temps, se multiplier entre les peuples ; comment l’état précaire de l’Empire austro-hongrois, le développement des sociétés balkaniques, la conscience plus claire que certaines nationalités prenaient d’elles-mêmes devaient, dans un avenir plus ou moins prochain, déterminer un remaniement de la carte d’Europe ; comment enfin, de tout cela, résultait un état de malaise et d’inquiétude qui préparait les esprits à la guerre.
Mais, quelle que puisse être l’importance de ces causes impersonnelles, elles ne sont pas efficaces par elles-mêmes. Pour qu’elles produisent leurs effets, encore faut-il que des volontés humaines se prêtent à leur action. Pour qu’une guerre éclate, il faut qu’un État la veuille, et c’est lui qui en porte la responsabilité. Si, dans ces dix dernières années, nous avons traversé des crises très graves — conférence d’Algésiras, affaires de Casablanca et d’Agadir, annexion de la Bosnie et de l’Herzégovine, guerre balkanique, — sans qu’il en soit résulté de guerre européenne, ce n’est pas que la situation morale de l’Europe ait été alors beaucoup plus satisfaisante qu’elle ne l’est aujourd’hui ; mais c’est que des volontés pacifiques réussirent à conjurer le danger. Si donc, cette fois, la catastrophe s’est produite, c’est que ces volontés, ou certaines d’entre elles, ont fléchi. Et alors une question se pose : où s’est produit ce fléchissement ? Quel est le peuple qui a voulu la guerre de préférence à la paix, et pour quelle raison l’a-t-il préférée ?
Comme tous les événements historiques, la guerre actuelle dépend, en partie, de causes profondes et lointaines. Les historiens auront un jour à rechercher par suite de quelles conditions démographiques, économiques, ethniques, les occasions de conflits semblaient, depuis quelque temps, se multiplier entre les peuples ; comment l’état précaire de l’Empire austro-hongrois, le développement des sociétés balkaniques, la conscience plus claire que certaines nationalités prenaient d’elles-mêmes devaient, dans un avenir plus ou moins prochain, déterminer un remaniement de la carte d’Europe ; comment enfin, de tout cela, résultait un état de malaise et d’inquiétude qui préparait les esprits à la guerre.
Mais, quelle que puisse être l’importance de ces causes impersonnelles, elles ne sont pas efficaces par elles-mêmes. Pour qu’elles produisent leurs effets, encore faut-il que des volontés humaines se prêtent à leur action. Pour qu’une guerre éclate, il faut qu’un État la veuille, et c’est lui qui en porte la responsabilité. Si, dans ces dix dernières années, nous avons traversé des crises très graves — conférence d’Algésiras, affaires de Casablanca et d’Agadir, annexion de la Bosnie et de l’Herzégovine, guerre balkanique, — sans qu’il en soit résulté de guerre européenne, ce n’est pas que la situation morale de l’Europe ait été alors beaucoup plus satisfaisante qu’elle ne l’est aujourd’hui ; mais c’est que des volontés pacifiques réussirent à conjurer le danger. Si donc, cette fois, la catastrophe s’est produite, c’est que ces volontés, ou certaines d’entre elles, ont fléchi. Et alors une question se pose : où s’est produit ce fléchissement ? Quel est le peuple qui a voulu la guerre de préférence à la paix, et pour quelle raison l’a-t-il préférée ?