Chapitre 1: - C'était un vendredi. Près de Bouinaky, grand village du Daghestan du Nord, la jeunesse tatare s'était réunie pour une course de chevaux, accompagnée de toutes les expériences que la hardiesse et le courage peuvent ajouter à une fête de cette espèce. Donnons une idée du splendide paysage où la scène se passe. Bouinaky s'élève sur les deux saillies d'une montagne escarpée et domine les environs. A gauche du chemin qui va de Derbend à Tarky, se dessine la crête du Caucase, couverte de forêts; à droite, le rivage sur lequel vient se briser la mer Caspienne, avec un éternel murmure ou plutôt une éternelle lamentation. Le jour tombait. Les habitants du village, attirés par la fraicheur de l'air plus encore que par la curiosité d'un spectacle qui se répète trop souvent pour ne pas leur être familier, avaient quitté leurs cabanes, avaient descendu la pente de leur montagne, et étaient venus se réunir par rangs aux deux côtés de la route. Les femmes, sans voile, avec leurs mouchoirs de soie aux vives couleurs roulés en turban sur leur tête, avec leurs longues robes de soie serrées à la taille par leurs courtes tuniques, avec leurs larges pantalons de "kanaaus", s'étaient assises en files, tandis que les enfants couraient autour d'elles. Quant aux hommes, réunis en cercles, ils se tenaient debout ou accroupis à la manière turque. Les vieillards fumaient le tabac de Perse dans leurs pipes tchétchènes. Un bruit de gaieté s'élevait au-dessus de tout cela, et au milieu de ce bruit continu, retentissait de temps en temps celui du froissement des fers d'un cheval sur les cailloux de la route, et le cri Katch ! katch ! (place ! place !) poussé par les cavaliers qui se préparaient à la course. La nature du Daghestan est splendide au mois de mai; des milliers de roses couvrent le granit d'une teinte aussi fraîche que le lever de l'aurore: l'air est embaumé de leurs émanations; les rossignols ne cessent pas de chanter.........
Sultanetta (1859) (French Edition)
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